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Elles habitent une petite ville de Kabardino-Balkarie, dans le Caucase russe. Janna, Liouda, Marina et Sveta y partagent un quotidien sans perspective. Ces quatre amies d’enfance vivent sous la coupe d’un proxénète jusqu’au jour où elles décident de prendre leur destin en main.
De notre correspondant à Moscou,
La grande réussite de Tchiki, c’est d’être parvenu à capter cette atmosphère du sud de la Russie. La série a le sens du détail et fait d’une petite ville lambda un vrai cadre cinématographique. L’univers de Tchiki, c’est ce sud gorgé de soleil, avec sa truculence et son folklore, cette Russie périphérique où l’on mène sa vie comme on peut, où les crapules font la loi et où rien ne semble pouvoir changer.
Le journal Kommersant l’a bien relevé : « Il semblerait que ce soit la première fois que l’on montre la province d’aujourd’hui avec autant de sincérité et de sensibilité, sans optimisme bidon ni pessimisme vulgaire ». Pour échapper à leur condition, les quatre amies se mettent dans l’idée d’ouvrir un club de fitness. On se doute dès le départ que leur projet aura bien du mal à se concrétiser. Les héroïnes traversent effectivement bien des épreuves mais elles ne se laissent jamais abattre.
Des personnages au profil très inhabituels dans la fiction russe
Ces quatre héroïnes se prostituent mais elles ne sont pas présentées sous ce prisme. Elles sont tout simplement des femmes, avec leurs problèmes familiaux, leurs soucis d’argent et leurs peines de cœur. Ce qui est intéressant, c’est que ces quatre femmes sont bien éloignées des stéréotypes féminins habituels.
À la télévision russe, les femmes sont généralement passives et leur destin dépend d’une figure masculine. Les héroïnes de Tchiki, elles, se prennent en main et font des choix, quitte à mordre la poussière. Elles sont aussi beaucoup plus proches de la réalité. Elles apparaissent au naturel, assument leur sexualité et sont aussi confrontées à la violence. C’est un problème de société qui reste très difficile à aborder en Russie mais qui est soulevé ici avec subtilité. La série a d’ailleurs l’intelligence de ne pas réduire les personnages masculins à des emplois caricaturaux.
La série n’a pas été diffusée à la télévision
La série n'a pas été diffusée à la télévision mais sur une plateforme de diffusion en ligne. On imagine qu’il aurait été impossible de montrer une série de cette nature sur une chaîne traditionnelle. Et ce pour différentes raisons : son regard très réaliste sur le pays, son décalage avec le puritanisme de l’époque, la question des violences, sans oublier la langue que les personnages parlent – une langue très colorée, souvent grossière mais saisissante de réalisme.
À l’évidence, la série s’adresse à un public familier du streaming et qui ne regarde pas la télévision. La Russie n’échappe pas à la tendance mondiale et les chaînes de télévision se trouvent désormais en concurrence avec les plateformes de diffusion en ligne. Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’il y a au générique de Tchiki deux vedettes qui toutes les deux ont acquis leur notoriété sur Instagram.
August 30, 2020 at 03:15PM
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«Tchiki», un parfum de féminisme dans la fiction russe - RFI
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